La semaine dernière, je discutais avec une copine. Nous nous sommes connus au boulot, nous avons sympathisé, nous nous sommes rapprochées.
Elle m’a dit un truc qui pourrait paraître banal, mais qui est énorme quand on vit un deuil périnatal.
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Attendez, je vous raconte depuis le début :
Cette copine est tombée enceinte à peu près au même moment où mon bébé naissait avec ses ailes.
Elle a toujours été extrêmement délicate, elle n’a jamais étalé sa grossesse, elle a attendu le bon moment pour me l’annoncer, elle m’a écouté quand il le fallait, m’a posé des questions, a pris de mes nouvelles … elle est aujourd’hui l’heureuse maman d’une adorable petite fille qui aura bientôt 1 an.
Il se trouve qu’une de ses meilleures amies a aussi perdu son bébé au même moment que moi. Cette fille, dans son infinie tristesse, ne pouvait plus voir ma copine quand elle a annoncé sa grossesse. Ma copine en a souffert, mais certainement moins que cette fille qui a perdu son bébé ET son amie, du coup.
Pour ma part, ce drame m’a aidé à réaliser à quel point certaines personnes sont surprenantes.
Même si la vie nous éloigne, que nous ne nous voyons pas autant qu’on le voudrait, que les messages et les soirées se font rares, j’aimerai dire à mes amis à quel point leurs attentions, si petites soient elles, ont laissé une marque indélébile dans nos cœur :
Ma meilleure amie, également enceinte de son deuxième, bouleversée par mon annonce.
Une amie d’enfance, curieuse de savoir comment s’était passé l’écho, qui a tremblé et pleuré quand elle a su.
Celles avec qui j’ai déjeuné quelques temps plus tard, et qui m’ont écouté parler de mon bébé.
Celles avec qui j’ai partagé un verre en terrasse.
Celles qui ont médité pour moi en m’envoyant leurs bonnes ondes.
Ceux qui m’ont appelé, ceux qui m’ont proposé leur aide, ceux qui ont juste envoyé un texto.
Et aussi ces deux là, qui pendant leur voyage en Islande m’ont laissé une photo d’aurore boréale sur mon Facebook, disant qu’ils pensaient fort à nous.
Dans ce malheur, j’ai eu la chance de voir la beauté autour, et de trouver un peu de chaleur auprès d’une poignée de personnes qui m’ont réconforté plus qu’ils ne l’imaginent.
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Mais j’en reviens au début de cette histoire, à ce que ma copine m’a dit la semaine dernière quand je suis passée à son boulot pour papoter. (oui je sais c’est mal d’aller la déranger à son boulot pour papoter)
Nous parlions de nos enfants, de nos boulots, et de comment on fait garder nos enfants quand on est au boulot. J’expliquais ce que la CAF me donnais pour mon deuxième enfant … et elle s’est écrié « comment ça deuxième enfant, mais Arthur alors ? »
Whoooo. J’ai bafouillé.
Dans ma tête tout s’était arrêté. Arthur.
Arthur ! Elle venait de prononcer son prénom, le plus naturellement du monde, sans que j’ai à lui souffler, sans retenue, au cours d’une conversation banale, comme on le fait avec n’importe quel enfant, elle a parlé d’Arthur.
Je ne sais pas si c’était la première fois que quelqu’un prononce son prénom, mais là, c’était tellement spontané que ça m’a marqué.
Elle l’a fait exister.
Et ça m’a fait du bien.
Merci les amis. Merci d’avoir été la, merci de continuer à l’être et surtout, je vous en prie, ne taisez jamais son nom ! Il s’appelait Arthur, il était beau comme un ange, il est mon fils et c’est bon de le faire exister.