Ce matin, j’étais chez le coiffeur. Passionnant, n’est ce pas ?
Je ne vais pas parler de l’accueil, du lieu, de l’ambiance, des sièges massants ou de la super coupe qu’il m’a fait. Ce coiffeur est top, mais c’est pas le sujet.
Le sujet c’est LA question.
Celle qui arrive inévitablement dans ce genre d’endroit, ici ou chez l’esthéticienne, dans n’importe quel endroit où on blablate de tout de rien.
« Vous avez des enfants ? »
Oui…
« Combien ? »
(Variante : « c’est votre premier ? »)
(Variante bis : ils ont quel âge ?)
Hey, je te demande l’heure qu’il est moi ?
Enfin vous l’aurez compris : LA question, c’est celle qui dérange, celle qui nous emmerde cordialement, celle à laquelle nous n’avons aucune réponse acceptable.
Pourtant anodins, ces quelques mots nous plantent un couteau dans le cœur.
Bon, ça n’arrange rien quand on s’installe sur les fauteuil d’attente, et qu’on tombe sur un magazine – faits divers – avec en couv’ : « victime d’une maladie fulgurante, ma fille est morte à l’âge de 18 jours… »
Bordel !
Je suis un fait divers ??
C’est pas la faute des coiffeurs. Ni des esthéticiennes.
C’est juste notre cœur qui saigne.
Il s’affole, il ne sait pas quoi dire. Il se resserre sur lui même.
Si je dis que j’ai 3 enfants, on me demande leurs âges et je vais devoir expliquer (sans pleurer et sans choquer de préférence).
Si je dis 2, je nie l’existence de mon ange et ça me fait mal.
Certains ont trouvé la solution : 3 enfants mais 1 est à ciel (encore faut-il croire au ciel), 2 enfants dans mes bras et 1 dans mon cœur, 2 enfants tout court (en s’excusant auprès de notre ange en pensée) …
Moi, je n’ai pas encore trouvé la parade. Je fais du cas par cas, en fonction de qui j’ai en face, et j’essaie d’éluder la réponse (ouille vous m’avez tiré les cheveux / ouille c’est chaud, etc. …)
T’façon, ils écoutent pas, les coiffeurs, n’est ce pas ?
J’ai choisi la solution de facilité de ne parler que de mes deux garçons en vie lors de conversations anodines mais de ne jamais oublier ma fille dans toutes les autres situations.
Cette année nous avons organisé une fête pour ses « 6 ans » avec tous nos proches parce qu’en parler et se réunir tous ensemble pour s’en souvenir c’était finalement pour nous plus important que de choisir la façon dont aborder le sujet lors de discussions sans profondeur.
Sinon les cheveux longs, c’est bien aussi pour éviter les coiffeurs ;o)
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Je suis Dans Les 2 cas…à savoir coiffeuse depuis 17 ans et maman de 3 enfants dont mon 2 Eme décédé apres 9 mois lové en moi Sans aucun raison retrouvée….le jour prévu de sa naissance…mon Nathan est parti….
À ce moment il m etait pour ma part, incapable de reprendre mon travail de coiffeuse…pourquoi?comme en sens inverse pour vous…je n avais aucune Envie De répondre aux fameuses questions sur mon bébé QUi n etait Pas La…je n avais pas La force NoN Plus d entendre certaines ou certains clients s epencher comme si en plus d une coupe nous étions également psychologue….surtout souvent Pour des problèmes Que j appelle dérisoire….par rapport à la perte de mon bébé….
Bien sur ce n est pas Que chez le coiffeur Que nous Devrons faire face à cette fatidique question de combien avons nous d enfants….
En ce qui me concerne j ai Depuis repris mon travail…Et c est en sens inverse…Les clientes me demandent combien j ai d enfants…Alors suivant La personne, je Dis j en ai 2 en m excusant auprès de mon fils Mais je dois dire que De Plus en Plus je Dis naturellement que j ai 3 enfants…1 grande 1 petite Et mon fils décédé à La naissance ENtre Les 2…je dois dire que je ne sens pas de Genre Depuis Que moi même je l annonce naturellement.
J ai même beaucoup beaucoup trop de personnes me répondent « moi aussi » c etait il y a 10/20/30 et même 40 ans on Voit qu on n oublie pas…
Donc quand on est coiffeur on se doit d avoir des conversations superficielles pour faire passer un agréable moment à la clientèle mais nous aussi nous avons nos soucis, nos drames et on se doit de Ne rien laisser paraître…
Voilà mon ressenti maman maman d un ange Et coiffeuse…
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Merci énormément Aouizerate pour ton commentaire. ma réponse arrive tard, mais j’ai beaucoup pensé à tes mots. Dans toute l’étroitesse de mon esprit je n’avais pas songé à la partie en face, les coiffeurs eux même et leur vécu. Mais comme tu le dis, on s’adapte tous, et les questions se font certainement moins insistante quand on a vécu quelque chose de semblable.
Pour l’anecdote, j’ai été chez l’esthéticienne la semaine dernière et LA question n’a pas manqué. J’ai répondu 3 enfants, dont 1 décédé à la naissance (ce qui n’est pas forcément juste puisqu’il s’agit d’une IMG, mais c’est encore un autre sujet) – et l’esthéticienne m’a parlé de sa récente fausse couche tardive…
Il y a tellement de gens touchés par ce drame, c’en est effrayant !
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