#deuil périnatal – mon pire cauchemar

Il y a deux ans, le 2 février 2016, j’avais rendez-vous pour l’échographie du second trimestre. A quelques jours de cette date, mon patron me propose de participer au séminaire d’entreprise. Bien que toujours en CDD, c’était sa manière de me remercier pour mon boulot, et de m’intégrer définitivement à l’équipe, quelques mois avant mon CDI.
Le séminaire se déroulait du 2 au 3 février 2016, quelque part vers Clermont-Ferrand.

J’avais très envie d’y aller, pour enfin participer à l’une de ces réunions où les DG sans cravates côtoient leurs assistantes sans talons. Et puis j’avais très envie d’exhiber mon joli ventre rond. La condition à ma présence, c’était que je puisse décaler mon échographie à une date raisonnable. ça n’a pas trop plu à Grand Chat, mais bon, ça m’avait l’air d’être une bonne idée, sur le coup.

L’inquiétude ne me quittais plus. Mon bébé me faisait mal dans mon ventre, il bougeait à peine, j’étais fatiguée et j’avais vraiment du mal à me concentrer.

Je n’étais pas fâchée d’échapper à la balade en raquette « team building ». j’ai pu me reposer après la longue route. Le soir, je suis partie me coucher tôt, seule avec mes peurs et mon mauvais pressentiment.

Cette nuit là, celle du jour où j’aurais du faire l’écho, celle du jour où j’aurais du savoir, j’ai fais le plus atroce cauchemar de ma longue carrière de rêveuse en série.

Il faut que je vous dire à quel point je suis branchée avec mes rêves. Je m’en souviens TOUJOURS. Je les écoutes, je les analyses. j’arrive même à les contrôler parfois, mon conscient parle avec mon inconscient, je peux intervenir dans mon rêve si besoin. Je peux faire deux fois le même rêve, et me souvenir de ce qui s’est passé dans le premier. Comme ça, je modifie les choses qui ne me plaisent pas.
Bref, mes rêves et moi, on est connectés.

Cette fois, je n’ai rien pu faire. J’étais dans une salle blanche, un médecin me demandait d’accoucher et je lui disait que ce n’était pas encore le moment. On me forçait, je finissais par accoucher d’un bébé tout bleu, qui ne respirait pas. J’étais toujours sur la table d’accouchement, alors c’était mon fils – mon grand – qui prenait délicatement le bébé pour l’emmener dans une salle d’opération.
Je voyais ce grand bonhomme partir avec mon tout petit bébé bleu dans les bras.
Il traversait un grand parc arboré, magnifiquement fleuri.
Il entrait dans un bâtiment, une bulle opaque stérile et blanche comme la première salle et déposait avec douceur son petit frère sur une table d’opération. J’étais debout à côté de lui, je l’avais suivi tout le long du chemin, mais personne ne me voyait. Jusqu’à ce que le médecin se retourne vers moi, et m’annonce que mon bébé n’avait pas de poumons, qu’il ne pouvait pas vivre.

Je me suis réveillée en hurlant. J’ai crié, j’ai pleuré, j’ai cherché mon chéri.
Je l’ai appelé au téléphone, il m’a rassuré. Il m’a dit que j’angoissais, et que ça me faisait faire des rêves bizarres. Que tout irait bien. Mais je crois que lui non plus n’était pas tranquille. Je lui ai envoyé par texto une photo de mon ventre. La dernière.

J’ai passé ma journée comme si de rien n’était. J’ai vécu en apnée jusqu’au 5 février, le jour où nous avons su que notre étoile allait s’éteindre.
C’était il y a deux ans, c’était le jour où mon pire cauchemar est devenu une réalité.

 

 

 

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