#deuilpérinatal – A toi, petite maman meurtrie

Hier encore, tu nageais dans le bonheur. Ou pas. Tu étais peut-être pleine de doutes, avec une trouille bleue de ce qui allait se passer ensuite. Tu te posais des tas de questions sur le futur. Tu ne savais pas du tout comment on fait pour aimer un bébé, et tu étais peut-être terrorisée.

T’avais un petit être qui poussait dans ton ventre, et ça, c’était l’expérience la plus dingue que t’as jamais vécu.

Et puis il y a eu LE MUR.
Le TGV, le 38 tonnes, l’explosion, les coups de feu, la chute du 50ème étage.

On t’a ouvert le thorax, on a arraché ton cœur avec une pelle a tarte, on l’a roué de coups, et jeté sur l’autoroute où il s’est fait rouler dessus des heures durant.

Puis, on te l’a rendu, on l’a recousu à vif, et on t’a demandé de rentrer chez toi, l’âme meurtrie, les tripes en vrac, le ventre vide et les bras ballants. Ces grands bras qui ne demandaient qu’à donner de l’amour, qu’à serrer un enfant, qu’à tenir maladroitement un tout petit bébé.
Ce bonheur, la vie t’en a privé.

Tu ne comprends pas, pourquoi. Pourquoi toi ? Pourquoi vous ? Pourquoi maintenant ? Qu’as tu fait pour mériter ça ? Tu penses même que c’est de ta faute. Tu revois chaque geste, chaque moment depuis que tu sais que t’es enceinte. Tu essaies de comprendre. Tu traines jour et nuit sur internet en espérant y trouver un début de réponse.

Tu en veux au monde entier, tu ne peux plus voir de ventre rond ou croiser un bébé sans t’effondrer.

Tu sais quoi petite maman ?
Tu as raison ! Effondre-toi ! Effondre-toi putain ! La vie t’a pris ce que tu avais de plus cher ! Y-a-t-il quelque chose de plus injuste que ça ?

Non !
Car la vie n’est pas juste. Mais tu vois, elle n’est pas injuste non plus, en fait. Dans cette vie, il n’y a pas de mérite. Personne n’est récompensé, personne n’est puni.
Tu penses à tous ces gosses abandonnés, camés, maltraités et tu as envie de hurler.
Pourquoi toi ? Pourquoi toi et pas une autre ? Et bien … pourquoi une autre et pas toi ?
C’est comme ça, c’est tout.

Tu te demande … est-ce qu’on s’en remet un jour ?
Oui, on s’en remet si on le veux. Mais jamais complètement. On oublie pas.

Effondre toi, petite maman. Et quand viendra le moment, tu sècheras tes larmes. S’il te plait, choisi la vie, choisi de vivre et d’être à nouveau heureuse.
Le bonheur reviendra, si tu lui laisses une chance.

Tu te demanderas comment te définir, maintenant.
Tu te sens maman, mais ton enfant n’est pas là.

Cette réponse là, je peux te la donner : tu ES maman.
Tu te surnommeras mamange, et même si c’est vraiment ridicule comme nom, tu le garderas car tu es désormais la maman d’un ange, peu importe tes croyances ou tes convictions. ça te donnera la force d’avancer, la force d’aimer, la force de recommencer.

Ho ! Il y aura des rechutes, bien sûr. Et tu ne guérira jamais vraiment.
Mais ça ira mieux, un jour, si tu le veux.

Tu sais maintenant, à quel point tu l’aimais ce bébé.
Tu le garderas dans ton cœur, avec toi pour toujours.